Histoire

juin 17, 2021

Passer au vert : comment les sources d’énergie renouvelables stimulent-elles l’économie locale?

Sustainable energy

By Evergreen

Qu’il s’agisse d’attirer des investissements, de créer de nouveaux emplois ou de garder l’argent dans la communauté, la planification d’un avenir écoénergétique présente de nombreux avantages pour l’économie locale.

Partout dans le monde, les pays s’efforcent de mettre un frein aux changements climatiques — et le Canada a bien l’intention de contribuer à l’effort.

Comme plusieurs de ses homologues à l’international, le Canada a adopté un cadre juridique clair visant l’atteinte d’un objectif ambitieux : la carboneutralité d’ici 2050. Cet objectif climatique exigera un effort concerté. Les décideurs politiques, les résidents, les organismes à but non lucratif et les entreprises devront tous mettre la main à la pâte pour éliminer progressivement le recours aux combustibles fossiles, au profit de sources d’énergie renouvelables non émettrices. Avec environ 700 mégatonnes de CO2 produites chaque année au Canada, il reste encore beaucoup de travail à faire, mais le changement est bien amorcé.

Les gouvernements locaux partout au pays adoptent graduellement les énergies propres. Pourtant, la prise de mesures collectives et la planification des étapes à suivre posent encore problème. Cumulant plus de 25 ans d’expérience dans le secteur de l’énergie et des services publics, Rob Kerr, consultant et conseiller principal chez Quest, a travaillé auprès de nombreuses collectivités afin d’assurer leur transition vers une automatisation de la gestion énergétique, de la planification à la mise en œuvre. Une chose est certaine pour Kerr : la transition vers les énergies renouvelables apportera beaucoup aux économies locales.

L’automatisation de la gestion énergétique retient l’argent dans les collectivités

Alors que les investisseurs, les entreprises et les gouvernements cherchent à mieux comprendre les risques et les ouvertures que présente la lutte contre les changements climatiques à long terme, ils continuent d’adapter leurs stratégies à la transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables.

Partout au Canada, les municipalités tentent de se tailler une place dans ce paysage énergétique en pleine évolution. Rob Kerr explique : « Les gouvernements locaux et les collectivités qu’ils gèrent sont au centre de la lutte contre les changements climatiques. Dans les pays développés du monde, les gouvernements locaux contrôlent 50 % des émissions de carbone. »

Heureusement pour les municipalités, cette transformation est fort prometteuse, tant sur le plan technologique qu’économique. Rien qu’en Amérique du Nord, on estime que le marché des cellules photovoltaïques — une nouvelle technologie qui permet la conversion de l’énergie solaire en électricité — représente quelque 25 milliards de dollars américains, alors que celui de la rénovation énergétique avoisinerait les 12 milliards. À l’échelle internationale, le marché de l’énergie collective — les réseaux de distribution d’énergie thermique qui alimentent plusieurs bâtiments d’une zone ou d’un quartier — atteint facilement les centaines de milliards de dollars.

« Nous notons une hausse marquée des ventes et de la fabrication de solutions énergétiques », poursuit Kerr, « et les nouveaux emplois liés à ces innovations ne manqueront pas d’affecter positivement les économies locales. Ces emplois pourraient être créés dans votre collectivité. »

Il est essentiel d’adopter une approche d’ensemble qui tienne compte de l’efficacité énergétique si nous voulons maximiser l’impact positif de notre stratégie.

Au Canada, les sommes consacrées à l’énergie par rapport au PIB ont toujours été très élevées. Au cours des cinq prochaines années, la ville de Guelph, en Ontario, s’apprête à dépenser un million de dollars par an en énergie — une somme colossale pour une collectivité de 135 000 habitants. En tirant parti des technologies actuellement disponibles, on pourrait réduire cette dépense de 25 %.

« Si on ne se concentre pas sur l’efficacité, ces 25 % sortent de la collectivité pour financer l’infrastructure et la production d’énergie ailleurs. Le passage à l’automatisation de la gestion énergétique permet aux collectivités de conserver leurs ressources financières, d’attirer les investissements et d’encourager leur propre santé économique.

Tirer parti des partenariats pour attirer les investissements

Lorsqu’il s’agit de se positionner comme acteur majeur de la transition énergétique, Kerr affirme qu’il s’agit de tirer profit des leviers existants dans votre collectivité.

« Les municipalités pensent souvent qu’elles sont seules responsables des projets visant l’amélioration de l’efficacité énergétique. C’est ignorer le fait que les structures gouvernementales ne constituent qu’un aspect du réseau collectif. En rester conscient enlève une bonne partie de la pression. »

Lorsqu’elles s’attaquent à la transition vers une gestion automatisée de l’énergie, les collectivités considèrent souvent le manque de ressources financières comme leur première préoccupation, nous dit Kerr, mais ce n’est rien à quoi un peu de créativité de la part des gouvernements ne saurait remédier. Une solution envisageable consisterait à former une société municipale, une entité juridique capable d’agir comme une entreprise, d’attirer des investissements et de s’associer à d’autres sociétés, tant qu’elles arriment leurs efforts aux intérêts de la collectivité.

« Il faut bien comprendre que les grandes entreprises du secteur de l’énergie, lesquelles valent des sommes astronomiques, investissent elles aussi dans les énergies vertes. Elles s’éloignent graduellement des sources d’énergie traditionnelles et misent de plus en plus sur les programmes de rénovations et autres projets visant l’efficacité énergétique pour demeurer pertinentes. Ces entreprises peuvent constituer pour la vôtre des partenaires ou des investisseurs intéressants. »

Plusieurs municipalités ont d’ailleurs adopté cette solution. Par exemple, en 2011, celle de Sault Ste-Marie, en Ontario, est devenue la deuxième plus grande centrale photovoltaïque au pays en exploitant des terres inutilisées sur son territoire pour attirer les sociétés d’énergie solaire. Considérant la faiblesse de ses ressources lors de la planification, la municipalité de 73 000 habitants a choisi d’offrir de l’espace aux fournisseurs d’énergie privés en échange d’un investissement en capital pour le projet – ce qui s’est soldé en un succès retentissant pour la collectivité, devenue un chef de file continental en matière d’énergie verte renouvelable.

« En somme, se demander “ai-je suffisamment de fonds?” est la mauvaise question à se poser. Les ressources disponibles varient d’une collectivité à l’autre. Tout est une question d’organisation. »

Une transition graduelle

Le changement ne se produit pas du jour au lendemain — tout particulièrement lorsqu’il s’agit du gouvernement. Kerr reconnaît qu’une multitude d’obstacles peut sembler se dresser devant les municipalités qui souhaitent tirer profit des occasions d’affaires que présente l’automatisation de la gestion énergétique. En tant que conseiller, il considère que son travail consiste à repérer clairement ces obstacles, et à faire valoir l’intérêt commercial pour des énergies vertes auprès des collectivités pour que ces dernières prennent le pas – un défi d’envergure qu’il a jusqu’à présent relevé avec succès.

« On a souvent l’impression que les obstacles proviennent de différends idéologiques, alors qu’en fait, ils sont généralement issus d’une disparité entre rythmes de transition », explique-t-il.

Kerr souligne l’importance d’aborder la gestion du changement avec empathie. « En Ontario, comme dans la plupart des provinces canadiennes, le réseau de services publics sur lequel comptent les résidents comptent est vieux de près d’un siècle. C’est cent ans d’investissements dans la recherche, l’infrastructure et les canaux de distribution. On peut difficilement se surprendre de rencontrer de la résistance lorsqu’on arrive et qu’on lance l’idée que tout doit changer. Il est important de demeurer respectueux à cet égard; il n’avantagerait personne de simplement abandonner les investissements existants. Voilà pourquoi on parle de transition. »

La bonne nouvelle est que l’organisation de la plupart des municipalités comporte aujourd’hui un poste – et parfois même un département – qui concerne directement l’intégration des énergies renouvelables et l’adaptation aux changements climatiques. « Il est désormais difficile de trouver une municipalité qui ne reconnaît pas l’importance des changements climatiques. C’est un grand pas dans la bonne direction. »

Rob Kerr est panéliste pour l’Atelier d’innovation des communautés de l’Atlantique organisé par le Réseau de solutions pour les communautés, une initiative de Villes d’avenir Canada.

Les Ateliers d’innovation sont des événements virtuels régionaux qui rassemblent les municipalités, les communautés autochtones, les réseaux municipaux, des universitaires et des experts afin que tous se rencontrent, échangent et explorent ensemble divers moyens d’améliorer l’utilisation des données, des outils et des procédés qui s’attaquent aux enjeux émergents en lien avec l’énergie intelligente, la résilience, l’adaptation aux changements climatiques et la connectivité à large bande. Pour en savoir davantage, inscrivez-vous sur le Portail de solutions pour les communautés.

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