Histoire

octobre 21, 2021

Une Première Nation en Colombie-Britannique tente de combler le fossé numérique

A view of a lake and a small town beyond it

By Evergreen

Un nouveau réseau à large bande mis en place par la Première Nation Kitasoo/Xai’xais de Klemtu, en Colombie-Britannique, vise à connecter les résidents à une infrastructure de communication efficace, à créer des occasions sociales, professionnelles et économiques et à favoriser la résilience communautaire.

Partout au Canada, les communautés rurales et éloignées des Premières Nations sont confrontées à un important fossé numérique. Dans le cas des communautés autochtones (Premières Nations, Inuits et Métis) au Canada, le fossé numérique est la répartition inégale de l’accès à la connexion à large bande et aux technologies de communication numériques, de leur utilisation ou de leurs retombées entre bon nombre de communautés autochtones (notamment dans les régions urbaines et septentrionales) et les communautés urbaines et du Sud. Pour remédier à ce problème, certaines communautés travaillent à diverses initiatives novatrices de développement des services à large bande administrées localement. L’une de ces communautés est Klemtu, un village éloigné des Premières Nations comptant 500 habitants, niché dans un petit havre sur la côte de l’île Swindle en Colombie-Britannique et accessible uniquement par bateau ou par hydravion.

Depuis 2018, les membres de la Première Nation Kitasoo/Xai’xais de Klemtu participent à l’initiative du « premier kilomètre » visant à offrir une connectivité numérique aux foyers et aux entreprises des communautés rurales, éloignées et septentrionales. Comme d’autres Premières Nations de la côte, les Kitasoo/Xai’xais s’efforcent de mettre en place une infrastructure régionale de réseau de télécommunication permettant de répondre à tous les besoins liés à la prestation de services de connectivité à large bande et de téléphonie cellulaire dans la région de Great Bear, une forêt pluviale d’une superficie de 6,4 millions d’hectares sur la côte septentrionale et centrale de la Colombie-Britannique.

Barry Edgar, résident et coordinateur de l’action pour le climat de Klemtu, a récemment participé en tant qu’expert du groupe de discussion à une Journée de collision virtuelle du Réseau de solutions pour les communautés. Il a abordé les atouts et les besoins uniques des petites communautés en matière de connectivité.

En 2018, après que les administrations locales et les Premières Nations ont reconnu le coût élevé de l’infrastructure comme l’un des principaux obstacles à l’extension des services Internet, un câble à fibres optiques de 3 500 km allant du nord de Prince Rupert à l’île de Vancouver a été installé au fond de l’Océan Pacifique.

« Chaque communauté est désormais responsable de payer pour se connecter au réseau par câble à fibres optiques et a le choix de le faire ou non. Ma communauté est clairement intéressée. », a affirmé M. Edgar.

À terme, les Kitasoo/Xai’xais souhaitent créer une quasi-régie communautaire de TI pour contrôler et exploiter le réseau à large bande, ainsi que pour louer le matériel. Le réseau à large bande communautaire vise non seulement à améliorer l’autosuffisance, mais aussi à générer des occasions sociales et professionnelles et à favoriser le développement économique et la résilience communautaire. L’administration du réseau sera intégrée aux activités municipales, et le conseil de bande Kitasoo sera responsable de recueillir les paiements, de fournir l’équipement et de connecter les résidents à Internet.

Selon M. Edgar, les habitants de Klemtu considéraient comme une évidence le fait de se doter de leur propre entreprise de services à large bande, compte tenu que les entreprises de télécommunications ne servent pas leur région, et qu’il n’existait donc aucun partenariat sur lequel s’appuyer. Actuellement, la communauté collabore avec Conuma Cable, une entreprise de Vancouver spécialisée dans le dépannage et la réparation de matériel informatique. Cette collaboration devrait se poursuivre à court terme, le temps que le village améliore son infrastructure pour se préparer à la connectivité à fibres optiques, mais la Première Nation Kitasoo/Xai’xais de Klemtu devra ultimement trouver au sein de la communauté des personnes capables d’effectuer la maintenance et les réparations. « Nous ne voulons pas déléguer ces tâches à un tiers », a expliqué M. Edgar.

Créer des communautés intelligentes et connectées grâce à la technologie

Selon M. Edgar, la pandémie de COVID-19 en cours a grandement exacerbé les besoins de connectivité de sa communauté : « La COVID a tout simplement prouvé que la bande passante dont nous disposons est très insuffisante. Il y a deux semaines, nous avons eu un cas potentiel de COVID. Heureusement, il s’agissait d’une fausse alerte. La communauté a dû entrer en confinement. Tout le monde regardait des vidéos, et la connexion Internet est devenue incroyablement lente. », a raconté M. Edgar. « C’était déjà perceptible aux heures de pointe avant la COVID, mais maintenant il semble que ce soit permanent. Et ce n’est pas seulement à cause des vidéos en continu! Les cours des élèves et des étudiants se déroulent à distance, ce qui consomme également de la bande passante. »

Bien que les représentants des Kitasoo n’aient pas demandé l’approbation des résidents de Klemtu, il est clair pour M. Edgar que la plupart d’entre eux sont favorables au projet. « Les résidents veulent une connexion plus rapide. Jusqu’en 2008, il n’y avait presque aucun service Internet et cellulaire à Klemtu. Nous avons au moins 10 ans de retard sur les grandes villes comme Vancouver ou Toronto », a expliqué M. Edgar. Au cours des prochains mois, le service analogique en place à Klemtu sera abandonné, ce qui forcera les résidents à s’adapter.

Les technologies connectées sont au cœur de l’aménagement de villes intelligentes pour les municipalités et les communautés de toutes tailles. La récente participation de M. Edgar à la Journée de collision en Colombie-Britannique lui aura notamment permis d’échanger avec ses pairs et de rencontrer les représentants de PME offrant des solutions intelligentes adéquates que sa communauté pourrait mettre en place. Une connexion permettrait par exemple à Edgar de diffuser ses connaissances au sujet des activités communautaires en enregistrant des vidéos et en les partageant avec d’autres acteurs locaux de l’aménagement urbain. Cette solution intelligente peut constituer une solution de remplacement à l’enseignement en personne, permettre à la communauté de constituer une expertise collective et améliorer la prestation des services au fil du temps.

Vers un avenir connecté

Le projet de connexion à large bande n’est pas la seule entreprise d’envergure en cours à Klemtu. À la suite d’une augmentation de puissance de 1,7 mégawatts de la centrale hydroélectrique, rendue possible par un financement de 4,6 M$ du programme Énergie propre pour les collectivités rurales et éloignées, le village est récemment passé de l’énergie diesel à l’énergie renouvelable d’origine locale.

La communauté a l’intention d’investir les économies réalisées pour financer la création de nouvelles habitations et ainsi s’attaquer à son problème de pénurie de logements, et pour construire des infrastructures telles qu’une usine de traitement des eaux usée et une grande installation de traitement de l’eau.

La Première Nation Kitasoo/Xai’xais de Klemtu compte plus de 500 membres inscrits, mais seulement 300 d’entre eux environ résident sur la réserve en raison de la pénurie de logements. Les autres membres sont dispersés à Prince Rupert et à Vancouver. Dans les années à venir, les habitants de Klemtu profiteront des services de l’entreprise forestière municipale pour construire de nouvelles routes et ajouter des quartiers à la communauté afin d’accueillir les membres qui souhaitent revenir.

Dans une société numérique en évolution rapide où la COVID-19 a profondément changé la vie, l’activité professionnelle et les loisirs des résidents, la connectivité à large bande est toujours plus essentielle. C’est d’autant plus vrai pour les communautés éloignées des Premières Nations, dans lesquelles la connectivité numérique est cruciale pour permettre aux résidents d’accéder à de meilleurs services de santé, sociaux, d’aménagement du territoire agricole, économiques et de gouvernance. Barry Edgar espère que les projets novateurs de sa communauté encourageront d’autres Premières Nations à franchir le pas et à mettre en place des solutions intelligentes pour créer des communautés plus sûres, plus connectées et plus durables.

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