Histoire

novembre 2, 2023

Mon nouveau chez-moi : La situation du logement pour les nouveaux arrivants

Amna Usman

Housing Program

Le point de vue d’Amna Usman, spécialiste des communications du Programme de soutien au Défi d’offre de logement d’Evergreen

Au départ, mon parcours en tant que nouvelle arrivante au Canada était vraiment stimulant. J’étais pleine d’attentes et d’espoir. Comme les nouveaux arrivants qui m’avaient précédée, en arrivant à Calgary, j’étais enthousiasmée par les nouvelles possibilités qui s’ouvraient à moi et l’avenir meilleur qui m’était promis. Tous mes rêves semblaient réalisables, mais changer de pays constitue une transition majeure. Avant de pouvoir commencer à œuvrer à mes objectifs, je devais me sentir bien installée. Toutefois, en me mettant à la recherche d’un chez-moi stable, j’ai rapidement pris conscience que le chemin à parcourir serait tortueux.  

Pour me sentir en sécurité, il m’était essentiel d’avoir un espace bien à moi, mais je me suis heurtée à divers obstacles qui ont rendu ma recherche de logement plus compliquée que prévu. Ces obstacles m’ont montré la complexité du marché immobilier qui attend les nouveaux arrivants au Canada, qu’il s’agisse de la compréhension des procédures de location ou de la manière de surmonter les obstacles à la communication et les inégalités socio-économiques.  

S’installer au Canada  Besoins et aspirations en matière de logement  

Déterminer ses propres besoins en tant que nouvel arrivant est un processus en constante évolution. Au fur et à mesure que mes priorités en matière de logement se précisaient, j’ai mis l’accent sur les aspects suivants :  

  1. Abordabilité : L’équilibre entre les coûts fixes liés au logement et mes dépenses quotidiennes était essentiel à ma stabilité.  
  2. Commodité au quotidien : Accès à des lignes de transport en commun fiables desservant le lieu de travail, l’école et les services essentiels.  
  3. Confort pendant l’hiver : L’efficacité du chauffage et de l’alimentation en eau ainsi que la proximité de services tels que la buanderie semblaient des critères essentiels pour me permettre de supporter le rude hiver canadien. 

Je partageais bon nombre des aspirations qui ont été évoquées au cours de la séance nationale à l’intention des nouveaux arrivants du forum « Mon futur chez-moi » d’Evergreen. Les participants ont imaginé de quoi aurait l’air leur chez-eux idéal au Canada en 2040, faisant ressortir des priorités clés, comme l’accès à la propriété, la sécurité, la santé et le bienêtre, la proximité des services, le sentiment d’appartenance et la durabilité environnementale. Consultez le rapport complet pour de plus amples renseignements.   

S’y retrouver dans le système de logement  Des exigences complexes

En commençant à explorer Calgary, j’ai appris que certains quartiers étaient officieusement assignés à certains groupes culturels et ethniques. Par exemple, on trouvait de nombreuses communautés d’Asie du Sud dans le nord-est de Calgary. Je n’imaginais pas choisir un quartier uniquement en fonction de mon origine avant que des personnes me le suggèrent, me donnant l’impression qu’il s’agissait d’une attente à laquelle je devais me conformer pour faire partie de la communauté.  

Je partais également du principe que les options les plus abordables se trouvaient dans des quartiers peu sûrs. De ce fait, j’ai envisagé de me tourner vers des quartiers plus chers, ce qui ne correspondait pas à mon budget. Comme je ne connaissais pas bien le marché immobilier local, ma priorité était de signer rapidement un bail, pensant que ce serait synonyme de stabilité. J’ai pris conscience plus tard que cette approche engendrait ses propres conséquences et obstacles, particulièrement dans un pays en pleine crise du logement.  

En entrant sur le marché immobilier canadien, j’ai découvert un système complexe aux exigences sévères. Pour louer un logement, j’ai dû fournir rapidement divers documents, le tout selon la politique du premier arrivé, premier servi. J’ai notamment dû démontrer ma solvabilité, prouver que j’avais un revenu stable, fournir des références et donner les coordonnées de personnes avec qui communiquer en cas d’urgence. Ces tâches me semblaient éprouvantes, tout particulièrement parce que je n’avais jamais été locataire avant de quitter mon pays. Heureusement, j’ai obtenu rapidement un numéro d’assurance sociale (NAS), ce qui a rassuré quelque peu l’agent de location. De plus, mon expérience de bénévolat au Canada dans l’entreprise d’une proche connaissance m’a permis d’obtenir une référence, bien que celle-ci n’ait pas été acceptée par tous les agents de location.  

Après avoir signé un bail, je me suis heurtée à de nouveaux obstacles. J’ai eu 48 heures pour trouver une assurance locataire, établir un programme de paiement de mes factures d’eau et d’électricité et fournir un dépôt de garantie équivalent à trois mois de loyer (obligatoire, car il me manquait certains documents). Je n’étais pas sûre de pouvoir satisfaire à cette dernière exigence, si bien que j’ai écrit une lettre dans laquelle je m’engageais à payer pour tous les dégâts ou les infractions au bail, afin d’offrir une autre solution que le dépôt de trois mois de loyer qui était au-dessus de mes moyens financiers. Heureusement, cette solution a été acceptée. J’ai même demandé des conseils à une personne travaillant à la réception d’un hôtel sur le processus d’établissement d’un programme de paiement de mes factures de services publics.  

Ces exigences complexes ainsi que l’absence foncière de conscience et de compréhension de ma situation de nouvelle arrivante sur le marché immobilier m’ont donné le sentiment de n’être ni à ma place ni la bienvenue. Je me suis demandé pourquoi il n’existait pas de politiques ni de mesures incitatives pour faire affaire avec des immigrants, d’autant plus que ces derniers constituent une part importante de la population. Cette expérience a mis en lumière l’importance de bien se préparer ainsi que la nécessité et l’intérêt de rechercher du soutien lorsque nous nous heurtons à de nouvelles exigences administratives.  

Ressources et leçons apprises  

Bien qu’il existe des organismes de soutien dédiés aux nouveaux arrivants, le processus d’adaptation (particulièrement en ce qui concerne le logement au Canada) nécessite selon moi qu’on soit capable de s’en sortir par soi-même. Plutôt que de me reposer uniquement sur ces organismes, j’ai demandé de l’aide en communiquant avec d’autres nouveaux arrivants au moyen de plateformes comme Bumble BFF, Facebook, Instagram et LinkedIn. J’ai communiqué avec des personnes au parcours similaire au mien, qui ont répondu à mes questions et qui m’ont donné des conseils précieux.  

Avec le recul, je pense que les choses auraient été plus faciles si j’avais davantage été aiguillée vers du soutien et des ressources avant mon arrivée et à mon arrivée. À mon arrivée, au comptoir d’immigration, j’ai bien reçu des dépliants indiquant les premières étapes à suivre. Ils contenaient des renseignements précieux sur l’obtention d’une couverture d’assurance maladie, d’un numéro d’assurance sociale et d’un numéro de téléphone local, mais ce n’était pas suffisant. Il y manquait l’information liée à l’orientation culturelle, administrative et bureaucratique qui aurait été essentielle, même pour trouver un hébergement temporaire.  

Voici mes conseils pour les nouveaux arrivants qui pourraient faire face à un processus d’adaptation et à des attentes similaires dans leur nouveau pays :  

 1. Renseignez-vous et préparez-vous :  

Avant votre départ, renseignez-vous en détail et préparez-vous aux obstacles potentiels. Les ressources suivantes constituent un excellent point de départ :  

  • Ressource 1 : Louer un logement en Alberta (vidéo)  
  • Ressource 2 : Information sur le logement pour les nouveaux arrivants au Canada (SCHL)  

 

2. Ayez conscience des obstacles implicites :  

Comprenez que les obstacles ci-dessus ne sont pas toujours mentionnés avant votre départ. Vous pourriez les découvrir au moment de devoir y faire face, souvent dans l’urgence et avec des ressources limitées.  

  • Ressource 3 : S’établir au Canada? Entraves politiques et juridiques 

3. Faites valoir vos droits :  

Au cours de ma recherche de logement, je me suis heurtée à la discrimination et aux préjugés. Lorsque j’ai essayé de prendre rendez-vous en ligne pour des visites d’appartement à l’avance depuis le Pakistan, bon nombre de mes demandes ont été refusées, car mon statut de nouvelle arrivante n’était pas confirmé et je ne pouvais pas fournir beaucoup de documents. Au cours des rencontres, j’ai souvent eu l’impression de ne pas être prise au sérieux quand j’abordais mon budget, ce qui, je pense, découlait de préjugés probablement associés à mes origines sud-asiatiques.  

En dépit des préjugés, les nouveaux arrivants devraient faire valoir leurs droits, rechercher des logements avec services de soutien et établir des relations avec des réseaux de soutien pour atténuer les effets de la discrimination.  

Amna Usman

Immigrante du Pakistan et 29 ans, elle a déménagé à Calgary en 2022 à la recherche d’une vie meilleure et pour élargir ses possibilités. Son parcours et ses expériences de recherche de logement en tant que nouvelle arrivante l’ont poussée à raconter son histoire, à offrir des conseils et à faire connaître les problèmes fréquemment rencontrés par les nouveaux arrivants.  

Amna Usman a étudié la communication éthique et la cinématographie. Elle détient une maîtrise en pratique audiovisuelle pour le développement et le changement social de l’université du Sussex. Elle travaille actuellement comme spécialiste des communications pour le Programme de soutien au Défi d’offre de logement d’Evergreen, qui aide les demandeurs du Défi d’offre de logement de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.  

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