Dès le début de notre appel vidéo, le sourire éclatant de Tanya envahit l’écran. Bien qu’étant la rédactrice principale de la trousse, elle est la première à affirmer être l’héritière de nombreux gardiens du savoir et praticiens qui ont défriché le terrain au sein de leurs communautés et de leurs environnements urbains respectifs, et qui lui ont montré l’exemple ou qu’elle a consultés.
Evergreen : Comment l’idée de la trousse est-elle née?
Tanya : Depuis la publication du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation en 2015, les expériences, l’inclusion et le leadership autochtones dans les espaces citoyens et les lieux de travail suscitent un grand intérêt et éveillent les consciences. Peu importe le secteur dans lequel vous travaillez, qu’il soit universitaire, à but non lucratif, local ou gouvernemental, lorsque vous êtes l’un des seuls employés autochtones, on vous demande souvent de parler de sujets tels que l’inclusion et la mobilisation autochtones ainsi que la décolonisation, la vérité et la réconciliation, d’en faire la sensibilisation et de partager des ressources utiles. On s’attend souvent à ce que les professionnels autochtones érigent des ponts entre les nombreuses visions du monde et pratiques des Autochtones et des colonisateurs tout en sensibilisant sans relâche leurs collègues de travail, la haute direction, la communauté, leurs partenaires, les participants du programme et la société en générale et en changeant leurs attitudes culturelles.
Ces attentes et ces objectifs irréalistes et inatteignables peuvent contraindre le personnel autochtone à porter un fardeau émotionnel considérable. Il est donc important que les cadres supérieurs et le personnel apprennent à trouver leurs propres ressources et à démontrer leur engagement envers la vérité et la réconciliation ainsi que leur volonté de transformer leur lieu de travail en écoutant plus attentivement, en s’éduquant davantage, en établissant des relations et en soutenant les Autochtones et leurs priorités.
J’apprécie les personnes qui cherchent à accroître leur compréhension, à développer leur conscience et à mettre en pratique de façon concrète ce qu’ils ont appris. Je me suis rendue compte qu’il était très important de créer cette trousse, ou du moins de fournir une certaine orientation… un ensemble d’outils, de ressources, d’enseignements et d’études de cas qui pourrait leur servir de point de départ ou leur permettre d’élargir leurs connaissances, d’approfondir leurs réflexions, de s’engager et de prendre des mesures pour établir des relations compréhensives, éclairées, réciproques et de bonne volonté avec les Autochtones. Il est essentiel de reconnaître que chaque personne se trouve à une étape différente de son cheminement d’apprentissage ou de sa préparation, que tous ne sont pas également conscients de leur préjudice organisationnel ou de leur niveau d’ignorance.
Evergreen : Comment espérez-vous que cette trousse sera utilisée pour établir de meilleurs partenariats?
Tanya : En ce qui concerne les objectifs généraux, mon intention est de fournir un modèle d’apprentissage, d’orientation et de concrétisation aux praticiens, aux organismes et aux municipalités. La trousse encourage les organismes citoyens et les praticiens voulant établir des relations et des partenariats avec des praticiens et des communautés autochtones à intégrer des idées et des perspectives communautaires de manière réelle et concrète, et à s’en remettre aux connaissances et au leadership autochtones pour les priorités, les protocoles et les bonnes pratiques. Il ne peut y avoir au sein d’un organisme de véritable recadrage des liens ni de réconciliation transformationnelle avec les Autochtones sans qu’il s’ouvre à la pensée critique, à la vérité, à la décolonisation des pratiques de recrutement, de la culture et des politiques organisationnelle, ainsi qu’à la correction des mécanismes systémiques nuisibles qui sont souvent imperceptibles car normalisés.
Vancouver est l’exemple d’une municipalité dont l’engagement à long terme envers l’établissement de relations est orienté par la vérité et la réconciliation. Elle est la première ville du Canada à créer un groupe de travail pour intégrer à part entière la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones à ses politiques au sein des différents services municipaux dans le cadre de ses efforts pour l’établissement de relations et la réconciliation avec les Autochtones.